Myriam Chemla
J’ai compris très tôt l’exigence que requiert la démarche de l’artisan d’art. En effet après un parcours musical au Conservatoire et une licence d’Histoire de l’Art, je reçois mon premier choc esthétique lors de l’exposition de Catherine Vanier, « la terre, le geste et le pinceau ». Je comprends immédiatement comment prendra forme ma matière intérieure. Décidée à emprunter ce chemin, j’en parle à mon grand père et découvre alors qu’une longue lignée « CHEMLA » de Tunisie était Potière et tout semble alors évident ! Mon travail avec la porcelaine est centré sur l’idée de contenant et de ce que ce dernier permet d’exprimer dans son rapport à l’espace. La porcelaine, terre de haute température, dure mais en même temps terre d’empreinte, est très proche de la pierre, de sa rudesse.
La couleur poétise l’objet, et l’émail posé par touche sensible nous donne à voir la sensualité de cette matière. Je suis attachée à l’objet, porteur de mémoire. Mon travail a trait à la trace, l’empreinte ; mes paysages intérieurs aiment se découvrir sur la terre qui les révèle. Je cherche donc à faire parler mes porcelaines, inscrivant une histoire à travers mon décor. De ce magma interne, informel, surgit un objet affirmant ce désir de transmettre et de parler. Je veux transcrire par cet objet créé, mon paysage intérieur et inviter celui-ci à habiter ailleurs, inventant son propre univers. Je veux que ce trou creusé, défini par son enveloppe, renferme ce vide plein de mon intention.
La force du céramiste réside exactement à la croisée des chemins entre l’obligation de tenir compte de l’histoire ancestrale de ce matériau et le pouvoir de l’artiste de le renouveler en étant le reflet du monde dans lequel il vit.
LES COMMUNScollectif de céramistes
Le Bois Dernier, 71460 CORMATIN